Il s’agit à l’origine d’une superstition théâtrale, qui s’est ensuite développée progressivement à tous les secteurs. Souhaiter « bonne chance » porterait malheur, et l’expression a donc été remplacée par un autre mot. Le choix du mot « merde » daterait de l’époque où les spectateurs se faisaient déposer en calèche devant les théâtres, halte durant laquelle les chevaux en profitaient pour se soulager et garnissaient la rue de crottin. Cette « garniture » étant directement proportionnelle au nombre de spectateurs, c’était faire preuve de bienveillance que de souhaiter « beaucoup de merdes » aux artistes. L’expression « Toï Toï Toï » a également perduré dans les milieux artistiques, afin d’encourager l’acteur qui s’apprête à rentrer en scène : cette expression est originaire d’Allemagne, elle consiste en la répétition de la première syllable de Teufel (diable).
Les superstitions théâtrales sont nombreuses et perdurent depuis plusieurs siècles. Il est ainsi toujours interdit de dire le mot « corde » dans l’enceinte d’un théâtre, ce mot pouvant attirer le mauvais oeil du pendu sur celui qui le prononce. De même, la couleur verte est interdite, car elle est considérée comme maléfique. Cette superstition provient du fait qu’à une certaine époque, on utilisait le cyanure pour teindre les vêtements en vert, et ce colorant toxique finissait par être fatal à celui qui le portait. On pourrait également citer l’interdiction de siffler dans un théâtre, car cela attirerait les huées du public, ou encore l’interdiction d’offrir des oeillets à une comédienne. L’origine de cette tradition dérive du fait qu’à l’époque où les théâtres avaient des acteurs permanents, il était de coutume que le directeur offre un bouquet de roses aux actrices dont le contrat était renouvelé. En revanche, les comédiennes qui allaient être licenciées n’avaient droit qu’à des oeillets, moins onéreux.
La plus intéressante superstition théâtrale est sans doute celle qui voudrait que la pièce Macbeth soit maudite. Pour cette raison, elle n’est jamais appelée par les acteurs par son vrai titre, mais désignée comme « la pièce écossaise ». De même, les personnages principaux sont surnommés M et Lady M. On prétend que Macbeth n’a jamais été mis en scène sans qu’au moins un des acteurs ne soit tué ou grièvement blessé. Cette légende reste invérifiable. Toutefois, en raison du déroulement de la pièce, qui inclut un certain nombre de scènes de combat et de fortes occasions d’accident, elle est souvent considérée comme la plus dangereuse de Shakespeare à réaliser dans un théâtre. On peut remarque que Macbeth étant extrêmement populaire, cette oeuvre était souvent programmée par des théâtres en déséquilibre budgétaire. Une autre origine habituellement attribuée à ce mythe est que les coûts de production très élevés de ce monument shakespearien plongeaient les théâtres dans les problèmes financiers.