Archive for novembre, 2009

Pourquoi l’âme humaine est-elle supposée peser 21 grammes ?

Ceux qui ont vu le film d’Alejandro Gonzalez Inarritu se souviennent probablement que la superstition énoncée qui sert de base au film est que dans les instants suivant la mort, le corps humain perdrait 21 grammes, ce qui correspondrait au poids hypothétique de l’âme humaine quittant le corps pour rejoindre d’autres cieux. Cette théorie n’est évidemment étayée par aucune explication scientifique.

Cependant, le choix du nombre 21 n’est pas sans fondement : il s’agit de la multiplication de deux chiffres associés au mysticisme. Le chiffre 3 représente évidemment la Sainte Trinité. Quant au 7, il est toujours présenté comme le chiffre parfait, parce qu’il est obtenu en additionnant le plus petit nombre premier, trois, et le plus petit carré, quatre.

Bande-annonce du film 21 grammes

Pourquoi mettre le pain à l’envers porte-t-il malheur ?

Aujourd’hui, mettre le pain à l’envers sur la table est considéré comme un mauvais présage. Cependant, peu de personnes sont encore capables d’expliquer ce qui est à l’origine de cette superstition.

Il faut remonter au Moyen Age pour comprendre cette croyance. A l’époque, les exécutions publiques avaient souvent lieu le midi, sur la plus grande place de la ville, là où se trouvaient également les boulangeries. Chaque boulanger réservait alors un pain pour le bourreau. Il le posait à l’envers, pour être sûr de ne pas le vendre à quelqu’un d’autre. Personne n’y touchait, car les bourreaux, qui exerçaient des métiers en rapport avec la mort et les cadavres, étaient aussi méprisés que craints, et la croyance populaire leur prêtait des pouvoirs maléfiques qui les contraignaient à vivre en paria, en dehors des villes, loin du monde extérieur qu’ils ne pouvaient que contaminer par le mauvais oeil qui les touchaient.

Aujourd’hui, les bourreaux n’existent plus, en France tout au moins, mais la symbolique du pain retourné est restée. Le pain à l’envers attirerait le bourreau et donc la mort chez soi, et reste encore associé au malheur.

Pourquoi dit-on du pape que « Duos habet et bene pendentes » ?

Littéralement, « il en a deux, et bien pendantes ». Il s’agirait d’une vérification rituelle de la virilité des papes nouvellement élus. Un ecclésiastique serait censer palper les parties génitales du pape au travers d’une chaise percée réservée à cet effet. Il s’exclamerait alors cette phrase, à laquelle les cardinaux répondraient, en choeur : « Deo gratias » (« Rendons grâce à Dieu ». Les textes relatant cette légende font état de deux autres textes. Il serait arrivé qu’un candidat ait perdu un attribut. C’est alors que le vérificateur se serait exclamé : « Est unus » (« il y en a un »). Le répond aurait alors été : « sufficit » (« suffisant »). Les guerres, la capture par les pirates barbaresques auraient parfois dépouillé un candidat de ses attributs virils. Le cardinal vérificateur désolé aurait alors déclaré : « Est nullus » (« il y en a aucun ») et le répond aurait été : « Deus providebit » (Dieu y pourvoira).

Cependant, on est aujourd’hui à peu près certains que ce rituel dont la phrase est encore connue de nos jours n’a en réalité jamais existé. Aucun texte normatif n’en fait état. De plus, si on a effectivement retrouvé dans le mobilier de l’investiture pontificale deux sièges percés. La perforation en question est circulaire et mesure 21,4 cm de diamètre; elle s’ouvre sur le devant du siège par une petite ouverture carrée de 13,2 fois 13,7 cm. On ne voit qu’elle quand on est sous l’influence de la légende, mais, en fait, ce sont les rebords qui sont importants -le siège à proprement dit et non le « trou ». Il s’agit en effet ici d’un siège-curule, comme on en trouvait dans la Rome Antique. Ces sièges auraient été utilisés pour contrebalancer le pouvoir des Cardinaux, et déclarer les Papes, à l’instar des dirigeants romains, « Patriarche universel ». Les sièges curules n’étaient donc que l’expression symbolique de cette nouvelle titulature. Pourquoi les sièges devinrent-ils les « chaises percées » affectées à la vérification du sexe des papes?On peut penser qu’une fois éteinte la querelle qui leur avait donné naissance, leur signification symbolique s’était peu à peu perdue et que leur sens fut dét ourné par les moqueurs. Jusqu’à leur dernière utilisation par Léon X, en 1513, plus grand monde n’en comprit l’utilité. Certains s’emparèrent de l’aubaine pour tourner en dérision le couronnement des papes.

Cependant, il est intéressant de comprendre que cette légende provient d’un autre mythe qui a été très important au Moyen Age, et dont on garde encore la trace par l’existence de diverses statues. La virilité des papes serait ainsi vérifiée car, entre 855 et 858, une femme serait parvenue à accéder à la pauté en trompant l’Eglise sur sa véritable identité sexuelle. Cette jeune femme, le plus souvent prénommée Jeanne dans les écrits qui la citent, serait originaire de Mayence, puis aurait suivi son amant dans une université britannique et poursuivi des études à ses côtés, déguisée en homme. A la mort de son amant, elle se rend à Rome et pénètre la Curie, puis devient cardinal. Les différentes versions de l’histoire s’accordent à dire qu’elle aurait été élue pape par acclamation, le peuple romain appréciant sa finesse d’esprit, son érudition et sa grande piété. Deux ans plus tard, la papesse Jeanne, séduite par un clerc ou par un cardinal, en tout cas par un homme plus clairvoyant que les autres, aurait accouché en public en disant la messe. Selon les versions, soit elle mourut en couches, soit elle fut immédiatement lapidée à mort par le peuple, pour la punir de son mensonge, de sa supercherie et de son immense péché.

Cependant, une fois encore, les historiens s’accordent à dire qu’il s’agit d’un mythe, inventé de toutes pièces par les esprits fertiles du Moyen Age, friants de ce genre d’histoires, et ensuite rapidement diffusé en Europe. La liste des papes ne laisse aucun inserstice dans lequel le règne de Jeanne pourrait s’insérer. Il ne s’écoule en effet que deux mois entre le pontificat de Léon IV, qui meurt en 855, et l’élection du pape lui succédent, Benoît III. Ces dates sont confirmées par des preuves solides, telles que des monnaies et des chartes, qui ne laissent aucun doute quant au fait qu’il n’a pu y avoir dans ces années là le règne d’aucune femme se faisant appeler Jean. De plus, la légende comporte de nombreux anachronismes : la papesse serait supposée avoir étudié dans une université britannique. Hors, la première université britannique, Oxford, est créée au treizième siècle, soit trois siècles après la mort supposée de Jeanne.

On suppose aujourd’hui que la légende de cette papesse vient possiblement de deux évènements distincts. Pour certains historiens, le mythe fut sans doute imaginé à partir du surnom de « Papesse Jeanne » donné de son vivant au pape Jean YIII pour sa faiblesse face à l’Église de Constantinople. Pour d’autres, il viendrait du surnom de « papesse Jeanne » donné à la maîtresse autoritaire du pape Jean XI.

L’Eglise s’accomodera de ce mythe sans chercher à le démentir jusqu’au 15ème siècle. Malgré tout, il est avéré que ce n’est pas pour autant que les papes ont eu droit au palper génital en public. Il est certain cependant que le fait que l’Eglise ait laissé courir cette légende n’est pas anodin. Il s’agissait bien de repréciser, avec une symbolique pour le moins terre-à-terre, que, sans en perdre son latin, la consécration religieuse est avant tout une affaire de couilles. Les gens du Moyen Age avaient au moins le mérite d’inventer une femme papesse, même s’ils l’ont fait mourir sous le poids de ses péchés. Il est assez effrayant de constater que dix siècles plus tard, notre imagination semble en totale régression.

La fameuse chaise percée

La fameuse chaise percée

Pourquoi Eve n’est pas la première femme créée par Dieu ?

L’histoire de Lilith est présente dans les écrits religieux depuis plus de 4 000 ans. Le livre de la Genèse propose deux récits contradictoires de la création de la femme : les rabbins ont vu très tôt dans cette apparente absurdité la preuve de l’existence d’une autre première femme, créée avant Eve. C’est pour résoudre cette contradiction que les rabbins vont enrichir le mythe de Lilith qui trouve un développement important dans un recueil écrit entre les 8ème et 10ème siècle après Jésus Christ, L’alphabet de Ben Sira.

Lilith est tirée de la même terre qu’Adam, ils ont été créés en même temps, et elle se considère donc comme l’égale de son compagnon. Pour cette raison, elle refuse de se tenir au-dessous de lui quand ils font l’amour, car elle voit dans cette position un symbole d’asservissement au sein du couple. Une dispute naît rapidement entre Adam et Lilith, et celle-ci invoque le nom de l’Eternel : des ailes lui poussent, et elle fuit loin de l’Eden. Les plaintes d’Adam alertent Dieu, qui envoie alors trois anges la convaincre de revenir. Celle-ci repousse leur offre : Lilith est donc le symbole d’un double refus, celui de la soumission de la femme au sein du couple, puis celui de la résistance face à l’injonction divine. Lilith est alors punie par Dieu à voir mourir tous les enfants qu’elle mettra au monde. Selon la légende, elle devient par la suite par vengeance le serpent qui fit croquer la pomme à Adam et Eve, puis incite Caïn à tuer Abel.

La figure de Lilith est en complète opposition par rapport à la figure d’Eve : sa rousseur, ses yeux sombres et son attitude rebelle contrastent avec la blondeur pastel d’Eve, et son attitude docile et soumise. Il est bon de noter que, quelles que soient les versions, Lilith est toujours considérée comme un démon femelle douée d’un appétit sexuel insatiable, ayant un fort ascendant sur Adam. Son refus de se plier à la supériorité de l’homme et son amour de la sexualité en ont fait une femme stérile. Une bien belle leçon.

Le mythe de Lilith a par la suite été repris en peinture et en littérature, notamment par Anatole France, Primo Levi, et surtout Nabokov, qui fait précéder son livre Lolita d’un poème des années 1920 intitulé Lilith. La figure de Lolita serait en fait une déclinaison du mythe.

Il existe plusieurs sources d’explication pour expliquer la méconnaissance de cette importante figure biblique : la première serait qu’elle n’est pas citée explicitement dans la Bible canonique, et que le mythe n’est développé que dans des écrits apocryphes. De plus, on connaît l’amour de l’Eglise pour les femmes rebelles et non repenties…

Pourquoi Jeanne d’Arc n’était probablement pas une bergère ?

La suite aujourd’hui de notre saga Jeanne d’Arc. Je précise toutefois avant toute chose qu’il s’agit ici de présenter des thèses qui me semblent intéressantes et non dénuées de fondement, mais qui n’ont toutefois jamais été prouvées et qui ne sont pas à prendre pour parole d’évangile. Certains détails sont frappants et invitent à la remise en cause de l’histoire officielle, sans que toutefois la version présentée contre cette histoire puisse être considérée comme étant la bonne.

Yolande d’Aragon était la mère de Marie d’Anjou, femme de Charles VII, et donc belle-mère du roi. C’était une femme extrêmement intelligente, qui avait déjà tout compris aux ficelles des stratégies de communication modernes. Elle annonce une quinzaine d’années avant l’apparition de Jeanne d’Arc que le royaume sera sauvé par une femme. Il faut se rappeler ici que le royaume de France avait été détruit par une femme, Isabeau de Bavière, mère de Charles VII, qui, durant sa régence, s’était montrée incapable de faire face à la lutte entre Armagnac et Bourguignons qui dévasta le royaume, et, à la suite de cet épisode peu glorieux, s’illustra encore en s’alliant avec le roi d’Angleterre Henri V, en lui reconnaissant un droit d’accès au trône de France au détriment de son propre fils, le futur Charles VII, destitué par le traité. Face à cette femme salie, dont tous les crimes sont grossis, accusée d’être une putain et d’avoir couché avec la moitié des hommes de la Cour, qu’ils soient d’Armagnac ou Bourguignons, monte, insufflée par Yolande d’Aragon, la légende d’une femme pure, vierge, pendant d’Isabeau, qui reviendrait pour sauver le royaume de France. C’est grâce à cette légende que Jeanne d’Arc, quand elle arrive, ne rencontre pas énormément de problèmes pour diriger l’armée française : elle était attendue, et à une époque où la superstition était très forte, on peut comprendre l’importance qu’a eu ce mythe de la femme salvatrice pour faire accepter Jeanne d’Arc.

Les historiens suspectent aujourd’hui Yolande d’Aragon d’avoir fait élever Jeanne d’Arc. Pour certains, comme Philippe Delorme, Jeanne serait en fait la fille cachée d’Isabeau de Bavière et de son cousin Louis d’Orléans, et serait donc la demi-soeur de Charles VII. C’est sans doute aller un peu loin sans preuve. Cependant, les historiens s’accordent autour du fait que Jeanne d’Arc n’était pas une bergère lorraine comme la légende de la Pucelle d’Orléans a pu le conter : trop d’invraisemblances s’opposent à cette version.

En effet, comment expliquer les connaissances en stratégie militaire d’une simple bergère ? De même, comment aurait-elle pu savoir monter à cheval ou manier les armes ? Enfin, comment aurait-elle pu apprendre à parler français en territoire lorrain ?

Pour le fait de parler français, certains historiens ont essayé d’expliquer ses connaissances en français en faisant valoir qu’à une époque où les prêtres dispensaient l’instruction, Domrémy étant une paroisse qui relevait du domaine royal, avoir reçu un enseignement en français n’était pas une gageure. Cependant, il est prouvé que Jeanne d’Arc n’a reçu aucune éducation : sur tous les documents officiels, elle a signé d’une croix, ce qui prouve qu’elle n’était même pas capable d’écrire son prénom. Comment dans ce cas imaginer qu’elle ait pu aller à l’école ?

De plus, le fait d’élever une femme dans le monde des armes n’est pas si curieux que ça pour l’époque, où l’on retrouve la trace de quelques femmes (peu nombreuses, mais existantes) à être adoubées chevaliers. Ceci expliquerait son éducation militaire, son usage du français, mais aussi son ignorance sur certains points, comme la lecture et l’écriture, ignorance qui ne lui permettait pas de prétendre accéder au trône, et qui devait sans doute permettre aux nobles qui l’entouraient de garder un pouvoir sur elle.

Aujourd’hui, à cause du peu de documents de l’époque, il n’est rien possible de prouver. Cependant, il est intéressant de noter que dans les manuels scolaires, les allusions à la bergère et à Domrémy disparaissent peu à peu. Le mythe de Jeanne d’Arc, réinventé au dixneuvième, à un moment où la France a besoin de se recréer une identité nationale basée sur de forts personnages historiques, emblèmes de la nationalité, comme Henri IV, Louis XIV, s’étiole peu à peu faute d’incohérences et d’absurdités trop difficiles à expliquer. Cependant, l’absence d’une thèse sérieuse contrant l’histoire officielle empêche tout démenti de l’Histoire telle que nous l’avons apprise à l’école.

Pourquoi le fait que Jeanne d’Arc ait été brûlée à Rouen est-il remis en cause ?

Depuis la fin des années 1960, les thèses d’historiens ( Michel Lamy, Régine Pernoud ou encore l’écrivain Michel Tournier) se multiplient quant à la possibilité d’un marché entre Charles VII et les Anglais, qui aurait consisté à épargner Jeanne d’Arc en échange de la promesse du Roi de France que plus jamais celle-ci ne pourrait se retrouver à la tête de l’armée française. En effet, de nombreux détails et documents instillent le doute, et on déclare aujourd’hui que, si on ne peut pas prouver que Jeanne d’Arc n’est pas morte à Rouen, on ne peut pas non plus être sûrs qu’elle était bien sur le bûcher. Jeanne d’Arc a été brûlée en place publique en tant que sorcière, et comme toutes les exécutions de sorcière, la condamnée est apparue sur le billot avec un capuchon sur la tête : personne n’a vu son visage. De plus, le jour de l’exécution, la place du marché à Rouen a été fermée : l’auditoire le plus près se trouvait à une centaine de mètres du bûcher. Il est donc impossible de prouver que c’était bien la pucelle d’Orléans qui a brûlé en 1429 à Rouen.

De plus, les archives de la municipalité d’Orléans font état, à trois reprises, en 1431, 1432 et 1435, de la visite de Jeanne d’Arc dans la ville, ce qui a été considéré comme un grand honneur. Tous les notables présents l’ont reconnue et formellement identifiée. Il faut admettre qu’à l’époque, la plupart des gens soit n’avaient pas cru à sa mort, soit ont considéré son retour comme un miracle, comme une preuve supplémentaire de sa sainteté. Paradoxalement, il apparaît donc que la possibilité qu’elle n’ait pas été tuée ait moins surpris à l’époque qu’aujourd’hui, où ces thèses sont encore manipulées avec beaucoup de précautions. Une autre archive atteste de plus du mariage de Jeanne d’Arc avec le seigneur Robert des Armoises, quelques années après son exécution…

Comment expliquer dès lors que personne ne le sache ? Le manque de documents explique ce vide. Les preuves ne sont pas considérées comme suffisantes pour prouver quoi que ce soit. Le manque de documents d’époque est le principal écueil pour les historiens, qui ne peuvent quasiment rien affirmer avec certitude. Tout est basé sur des suppositions, des croyances de l’époque, et même si quelques documents peuvent être fournis comme preuves, le vide des années entre ces documents empêchent toute tentative de reconstruire ce qu’aurait pu être la vie de Jeanne d’Arc après 1429.

Il ne faut toutefois voir ici aucune manoeuvre de l’Eglise. Celle-ci aurait en effet pu avoir un intérêt à conserver sa martyre, en faisant pour cela une rétention d’information. Cependant, il faut bien considérer qu’à l’époque, l’Eglise est passée à côté de tous les grands personnages historiques, elle s’est toujours trompée (on peut citer Copernic, pour ne parler que de lui) : elle n’en est plus à une reconnaissance de son erreur près.

Pourquoi demain j’enlève le haut ?

Fin août 1981, une jolie jeune femme souriante, en bikini, sur une plage, s’affiche souriante sur les murs de Paris et de quelques grandes villes de province. Sur l’affiche, on peut lire : « Le 2 septembre, j’enlève le haut ». Rien d’autre, ni marque ni logo, qui pourraient expliquer l’étrangeté de ce panneau publicitaire. Les passants se montrent assez intrigués. Le 2 septembre, la même affiche est présente partout, a ceci près que le mannequin fait maintenant du monokini. Le texte a également changé : « Le 4 septembre, j’enlève le bas ». Emoi général, les médias s’emparent de l’affaire, tout le monde y va de son pronostic sur ce que représentera la prochaine affiche… Le matin du 4 septembre est attendu dans un suspens étouffant. Et, le 4 septembre… La jeune femme de l’affiche enlève effectivement le bas ! La photographie est toujours prise dans le même décor, mais cette fois-ci, le mannequin est de dos. A côté de la jeune femme, le slogan publicitaire apparaît enfin : « Avenir, l’afficheur qui tient ses promesses ».

La nouvelle agence publicitaire a monté cette campagne dans le but de mieux se faire connaître. Elle a prouvé ses compétences en matière de publicité, tout en lançant en France les premiers teasers publicitaires. Ce clin d’œil charmeur et charmant avait à l’origine pour but de démontrer qu’Avenir était en mesure de changer toutes les affiches de la capitale parisienne en une seule nuit. La campagne de cet afficheur provocateur, innovant et créatif a marqué les esprits, recueilli les faveurs du public, fait le tour du monde et est rentrée dans l’histoire de la pub en devenant « culte ».  Il y eu également des réactions indignées des féministes et des grand-mères devant les fesses de Myriam s’affichant en 4 par 3 dans tout Paris. Mais c’était malgré tout la première fois qu’une affiche était autant appréciée par le public. Des sondages démontrèrent par la suite que cette campagne avait battu des records en terme de taux de connaissance.

Le jeune mannequin, prénommé Myriam (à bien retenir, ceci est une question du Trivial Pursuit) est devenue extrêmement connue grâce à cette campagne. C’était à l’époque la petite amie du photographe de charme Jean-François Jonvelle, qui a pris la photo.

Pourquoi la phrase « Portez ce vieux whisky au juge blond qui fume » est- elle célèbre ?

Il s’agit en fait d’un pangramme : cette phrase contient toutes les lettres de l’alphabet. Pangramme vient du grec « pan », toutes, et « gramma », lettre. Le pangramme est à l’origine conçu pour tester les machines à écrire, ou les fontes de caractères en typographie. Cependant, il s’est développé comme un jeu littéraire, où le talent consiste à écrire une phrase cohérente, la plus courte possible, en évitant les sigles, abréviations ou lettres solitaires.

« Portez ce vieux whisky au juge blond qui fume » est le pangramme le plus célèbre et probablement le mieux réussi, car, en plus d’être une courte phrase cohérente, chacune des consonnes n’est répétée qu’une seule fois. De plus, les connaisseurs pourront apprécier ici l’alexandrin…

Dans La Disparition, Georges Pérec conçoit un pangramme, dont la lettre « e » est exclue (on parle de lipogramme lorsqu’une lettre de l’alphabet n’est pas utilisée). Cette alliance entre pangramme et lipogramme donne la phrase suivante : « Portons dix bons whiskys à l’avocat goujat qui fumait au zoo. »

Certains se sont également riqués à faire des pangrammes en incluant aux 26 lettres de l’alphabet les lettres accentuées, ce qui fait monter le total à 42 signes. On pourra apprécier : « Portez ce vieux whisky au juge blond qui fume sur son île intérieure, à côté de l’alcôve ovoïde, où les bûches se consument dans l’âtre, ce qui lui permet de penser à la cænogenèse de l’être dont il est question dans la cause ambiguë entendue à Moÿ, dans un capharnaüm qui, pense-t-il, diminue çà et là la qualité de son œuvre. »

On peut noter qu’il existe des pangrammes également dans les autres langues. En anglais, cela donne : « The quick brown fox jumps over the lazy dog ». En allemand, ça sera : « Zwölf große Boxkämpfer jagen Viktor quer über den Sylter Deich. » Et en italien : « Quel vituperabile xenofobo zelante assaggia il whisky ed esclama : alleluja! »

Pourquoi ce n’est pas la Seine qui coule à Paris ?

La Seine et l’Yonne se rencontrent avant Paris, à Montereau-Fault-Yonne, en Seine-et-Marne.  Normalement, lorsque deux fleuves se réunissent, on considère que c’est celui au plus petit débit qui se jette dans l’autre. Or, actuellement, la Seine a un débit de 80 m3 par seconde, alors que le débit de l’Yonne a été mesuré à 93 m3 par seconde. C’est donc, en toute logique, la Seine qui se jette dans l’Yonne, ce fleuve traversant ensuite Paris avant d’aller se jeter dans la Manche. Sous le pont Mirabeau coule donc l’Yonne, et c’est l’Yonne Saint Denis qui est de la bombe Baby…

Cette erreur remonte à la période gauloise. Deux explications sont possibles : soit, dans une logique de guerre entre tribus, le peuple contrôlant la Seine a imposé celle-ci, afin d’asseoir sa propre puissance. Soit, tout simplement, le débit des fleuves a changé…

Pourquoi les Couvents de la Madeleine n’ont-ils fermé qu’en 1996 ?

Les Couvents de la Madeleine sont issus d’un  mouvement catholique qui a pris son essor au 19ème siècle, en Grande-Bretagne et en Irlande. Il s’agissait à l’origine de recueillir des prostituées, et de les reconvertir en leur offrant un emploi qu’elles ne pouvaient pas trouver ailleurs, la société civile leur étant complètement fermée. Ces couvents prirent le nom de Marie-Madeleine, et les pénitentes furent mises au travail, souvent dans des laveries et des blanchisseries. Comme Marie-Madeleine qui avait lavé les pieds du Christ, les pensionnaires de ces couvents devaient, en effectuant ces travaux, se laver symboliquement de leurs péchés.

Assez vite, les couvents se transformèrent : les intentions charitables du départ furent remplacées par une volonté de punir les pécheresses. Avec les prostituées, les filles-mères, les filles violées, ou tout simplement celles qui étaient jugées comme trop sensuelles et désirables, furent envoyées par leur famille ou par des prêtres dans ces établissements qui ressemblaient de plus en plus à des prisons, où les châtiments coporels et l’auto-mutilation étaient encouragés. Les soeurs devaient également observer une règle de silence constante.  Les conditions de sortie des pensionnaires devinrent de plus en plus dures, le but étant de les faire entrer dans les ordres. Celles qui n’avaient pas de familles pour venir les chercher finirent leurs vies dans ces prisons.

Jusqu’au milieu du 20ème siècle, ces couvents étaient vus comme une institution socialement acceptables, notamment en Irlande, où la société catholique revendiquait une morale sexuelle extrêmement conservatrice. Le dernier camp ferma en 1996, dans l’indifférence générale. La disparition de ces couvents est analysée comme ayant autant été provoquée par l’évolution des moeurs que par l’apparition de la machine à laver, qui a privée les établissements de leur principale activité et source de revenus. En 1998, la sortie d’un documentaire, Sex in a Cold Climate, propulse les couvents de la Madeleine sur le devant de la scène, et conduit la société civile à s’interroger. C’est le début d’un scandale dans l’opinion publique en Grande-Bretagne, qui se poursuit avec la sortie du film Les Magdalene Sisters en 2002, qui reçoit un Lion d’Or à Venise et amène le débat sur une scène plus internationale.

Cependant, malgré les émois provoqués par ces films dans la société publique, l’Eglise refuse encore de reconnaître toutes les barbaries physiques et psychologiques dont ces femmes ont été victimes, et refuse également de dédommager les anciennes pensionnaires encore en vie pour le travail de blanchisseuses qu’elles ont effectuées pendant des années sans jamais recevoir la moindre indemnisation.

La Bande-annonce du film The Magdalene Sisters, de Peter Mullan (le film est disponible en streaming en intégralité sur Dailymotion) :

http://www.dailymotion.com/video/x6867r_the-magdalene-sistersba-vostfr_shortfilms

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